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Maladie Hémolytique du Fœtus et du Nouveau-né (HDFN)

La maladie hémolytique du fœtus et du nouveau-né (HDFN) survient à la suite d’une incompatibilité de groupe sanguin entre la mère et le fœtus, associée soit au facteur Rh, soit au groupe sanguin. Lorsqu’il s’agit de ce dernier, l’HDFN présente un état clinique bénin nécessitant rarement un support transfusionnel ou une intervention spécialisée.

Mécanismes de sensibilisation dans l’HDFN

Maladie hémolytique par incompatibilité Rh

L’incompatibilité Rh apparaît lorsque la mère est Rh négatif et le fœtus Rh positif. Durant la première grossesse, la mère produit des anticorps IgM anti-Rh généralement après l’accouchement ou en cas d’hémorragie fœto-maternelle (souvent après la 28ème semaine de gestation). Si la mère a déjà été sensibilisée par des transfusions, ces anticorps peuvent également se développer. Au cours des grossesses suivantes, la sensibilisation Rh entraîne la production d’anticorps IgG, traversant le placenta et attaquant les globules rouges fœtaux Rh positif, ce qui entraîne des complications graves. Sans connaître le phénotype du père, une femme Rh négatif a 70 % de chances de porter un enfant Rh positif.

Les antigènes présents dans le système Fisher-Race incluent C, c, D, E et e, l’allo-immunisation érythrocytaire contre l’antigène D représentant la cause majeure de HDFN. Environ 40 % des individus Rh positif sont homozygotes pour l’antigène D (DD), et les 60 % restants sont hétérozygotes (Dd). D’autres systèmes de classification des groupes sanguins, tels que l’anticorps Kell (anti-K), peuvent aussi être associés à des formes graves de HDFN, entraînant des complications sévères comme l’anasarque fœtale et même la mort fœtale.

Maladie hémolytique par incompatibilité ABO

L’incompatibilité ABO, quant à elle, peut survenir lorsque la mère est de groupe sanguin O et le fœtus est de groupe sanguin A, B ou AB. Cette situation est présente dans 15 à 25 % des grossesses. Contrairement à l’incompatibilité Rh, les anticorps anti-A ou anti-B sont généralement déjà présents dans le sang maternel, ce qui permet à cette forme d’HDFN d’affecter même la première grossesse. L’HDFN par incompatibilité ABO est souvent moins sévère que celle liée à une incompatibilité Rh, et dans une minorité de cas (moins de 1 % des naissances), elle peut devenir grave.

Gravité de la HDFN

Les manifestations cliniques de l’HDFN dépendent de plusieurs facteurs. Ictère précoce, hyperbilirubinémie non conjuguée, anémie modérée à sévère et anasarque fœtale figurent parmi les signes caractéristiques. Dans les cas les plus graves, une anasarque fœtale immunologique et un ictère nucléaire peuvent se développer. L’anasarque fœtale immunologique peut entraîner une hypoxie, avec une augmentation des catécholamines et une réduction du flux sanguin vers des organes vitaux tels que le cerveau et le cœur. Cela active le système rénine-angiotensine, augmentant la pression veineuse centrale et conduisant à un œdème fœtal progressif.

L’ictère nucléaire est dû à l’accumulation de bilirubine dans le cerveau du nouveau-né et peut causer de l’hypotonie, de l’irritabilité, une hypertonie, et même entraîner des pathologies graves comme la paralysie cérébrale ou un dysfonctionnement auditif et cognitif. D’autres complications de la HDFN comprennent la bradycardie, la cyanose des membres, des troubles métaboliques, et une thrombocytopénie.

Importance de la prophylaxie dans la prévention de l’HDFN

La prophylaxie anti-D est cruciale pour prévenir la sensibilisation chez les femmes Rh négatif. Depuis son introduction, l’incidence de la HDFN a diminué de manière significative. L’administration d’immunoglobulines anti-D aux mères Rh négatif lors d’une exposition à l’antigène, telle qu’après la naissance d’un enfant Rh positif, permet de bloquer la réponse immunitaire initiale et d’empêcher ainsi la production d’anticorps anti-RhD dans les grossesses futures. Cette prophylaxie est recommandée à partir du troisième trimestre de grossesse, période au cours de laquelle des hémorragies transplacentaires peuvent se produire. Une dose standard de 300 µg d’immunoglobuline anti-D est généralement suffisante pour prévenir l’allo-immunisation Rh, bien qu’un ajustement de la dose puisse être nécessaire selon l’âge gestationnel et d’autres facteurs de sensibilisation.

 

Bibliographie

Hall V, Vadakekut E, et al. Hemolytic Disease of the Fetus and Newborn. StatPearls. June 7, 2024. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557423/